Aparté, j'ai fait le ménage...
En cette veille de Nouvel An, je n'avais rien programmé de spécial. Je ne voulais rien fêter. Je ne souhaitais pas qu'on me souhaite une bonne année. Une année normale, telle était ma volonté. Pas de coup de poignard dans le dos, plus de mauvaises nouvelles. Rien que ça...
J'étais donc seul chez moi pendant que beaucoup allaient fêter dignement la fin de 2014 et l'arrivée de 2015. Je ne les enviais pas. On m'avait proposé des choses, lesquelles ont été poliment refusées. J'ai fini l'année au boulot par la préparation et la présentation de bilans divers et variés, ainsi que des projets à venir pour l'année suivante. De plus, j'avais enfin terminé l'installation du nouvel appartement de princesse Mehetia par la pose du plan de travail de la cuisine. Le futur ex-mari bricoleur était encore sollicité et avait répondu à la demande.
Ce 31 Décembre était consacré à l'inspection de mes outils (je n'avais pas la garde de mon fils, donc tout le temps de le faire). Je me suis aussi mis à ranger toute la quincaillerie achetée, récupérée qui commençait à devenir un tas de n'importe quoi dans une caisse honteuse même pour un bricoleur du Dimanche. Vis, boulots, écrous, chevilles, charnières... tout a été classé, rangé, répertorié. Cela m'a pris des heures mais je sentais un soulagement en moi.
J'ai dans la foulée commencé à nettoyer mon appartement. Les papiers. Ce grand placard où s'étaient amoncelées des tas de feuilles officielles et non officielles depuis un certain temps et qui n'avaient pas pu être classées et triées. Bis repetita. Cela m'a aussi pris des heures. Un temps durant lequel j'ai pu inventorier tout ce qui appartenait à princesse Mehetia et que je devais lui rendre. Je les ai d'ailleurs mis de côté en attendant qu'elle vienne les chercher. Le ménage. J'ai fait toutes les pièces de fond en comble, jeté tout ce qui me rappelait ma future ex-femme et qui n'avait plus aucune utilité. J'ai aussi mis de côté tout ce qui me semblait avoir de la valeur pour elle afin de le lui rendre.
Je me suis par la suite attaqué à la cave dont je souhaite dans un avenir proche en faire un atelier de bricolage et pas seulement un lieu de stockage. Tout ressortir, consolider les étagères, surélever certains matériaux, commencer à aménager l'espace... J'ai aussi mis de côté toutes les affaires que nous avions gardé pour un deuxième enfant afin de les revendre lors d'un futur vide-grenier.
Cela m'a pris trois jours. Toutes ces obligations ont en fait été un véritable soulagement pour moi, comme-ci je faisais le ménage dans ma vie présente et apurait le contenu de ma vie future.
Je ne m'en suis pas arrêté là en fait. Lors de l'installation du plan de travail chez princesse Mehetia, nous avions réussi à avoir des discussions et non pas des semblants de discussions qui ressemblaient plus à des monologues orchestrées le plus souvent par mes soins.
Des thèmes abordés, sur la confiance tout d'abord. Elle s'étonnait que je ne lui accorde plus aucune confiance. Bien sûr, elle avait depuis quelques temps des gestes attentionnés à mon égard, comme une espèce de volonté de rédemption, mais le déséquilibre avec ce que j'avais vécu et subi toute l'année était abyssal. Elle répondait aussi présent quand mon emploi du temps ne me permettait pas de récupérer mon fils en temps et en heure. Je restais pourtant abasourdi par ses propos. Je ne voulais pas lui répondre directement devant la présence de mon fils. Je lui ai donc envoyé par la suite une partie des éléments qui faisaient que je n'avais plus confiance en elle et que j'expliquerai par la suite.
Nous avons discuté sur le fait que j'avais changé depuis notre rencontre, et qu'elle le regrettait pleinement. L'homme plein de vie, de boutades, de démonstrations d'amour au quotidien avait disparu en partie. Par contre, elle estimait pour sa part qu'elle était toujours la même. Pour les mêmes raisons, je n'ai pas voulu lui répondre directement et lui ai envoyé une explication par la suite. La définition de l'homme moderne, sa conception du couple, sa conception de la famille, le rôle et la place de chacun. Mais encore nos erreurs respectives et ma vision du futur si elle n'avait pas envisagé de partir.
Pour terminer, je lui ai envoyé un mail de début d'année en lui parlant du don de soi, du don à l'autre. J'estimais avoir fait ma part du boulot, et même être allé au delà de mes obligations maritales en l'aidant à s'installer correctement dans son nouvel appartement. Je ne voulais plus faire l'effort de construire une relation aussi fragile soit-elle et que la balle était dans son camp. Ma porte était toujours ouverte, mais ce n'était plus à moi d'aller au devant d'elle.
Trois mails en trois jours qui ont apparemment eu un effet certain puisque lorsqu'elle est venue déposer mon fils, a récupéré ses affaires sans broncher, comme estomaquée... Elle n'était pas sur la défensive, avait simplement l'air gênée et ne savait pas quoi dire. Comme une impression qu'elle avait pris conscience qu'elle avait perdu quelque chose dans sa vie. Peut-être pas un mari mais l'espèce de roue de secours qu'elle espérait garder...
Pour ma part, ces trois jours où je n'avais rien prévu de faire de manière précise ont été un véritable soulagement. Le ménage dans mes outils, le ménage dans mon appartement, le ménage dans ma cave, le ménage dans ma vie...
C'est un ménage à quatre : lui, elle, l'idée qu'elle se fait de lui et l'idée qu'il a d'elle.