Moorea (7)

Moorea ne va pas bien. Elle s'est faite larguer. Elle commençait à se poser des questions, voulait des réponses et en a obtenu. De ses deux mois de relation, j'ai été spectateur, mais aussi confident et conseiller. Des questions qu'elle se posait, des réponses qu'elle attendait. Je ne me suis en rien incrusté dans son histoire qui, elle l'a avoué elle-même, n'était pas une grande histoire d'Amour. Elle souhaitait simplement essayer. Elle me l'a dit par mail un soir où je rentrais tard. Trop tard. Je voulais l'appeler, mais pas au beau milieu de la nuit. Ou peut-être pas osé. De simple spectateur, je voulais maintenant passer à l'action. Parce qu'elle ne va pas bien, parce qu'elle a besoin de soutient, parce que si elle m'a envoyé ce mail elle avait peut-être besoin de moi. J'ai cependant en ce moment un travail qui accapare une bonne partie de mon emploi du temps, et je ne trouve pas l'instant pour la voir physiquement. La seule solution dans l'immédiat est à mon tour de lui renvoyer des mails, dont l'un:

" Coucou Moorea,

Huit mois. Huit mois que nous construisons cette amitié, petit à petit, grain de sable après grain de sable. Je ne regrette pas cette décision. Je ne regrette pas ce temps passé. Quand je donne, je ne fais pas les choses à moitié. Je voulais que tu le saches. Et tu le mérites.

L'homme qui je crois prendra le temps de voir comment tu fonctionnes découvrira un trésor caché. Moi-même au début, j'avais devant moi une femme indépendante qui mettait de la distance, et qui pouvait paraître dissuasive. Je te l'avais déjà dit il y a quelques temps. Mais si l'on s'accroche, on découvre ton humour, ta pertinence, ce petit sourire en coin qui annonce plein de malice, ces yeux brillants dans lequel on peut voir le plaisir de la personne que l'on a en face de soi. Personnellement, j'adore ça. Depuis quelques temps, une fragilité dans certaines situations qui donne envie d'être présent au cas où. Je te vois ainsi à ce jour. Mon plaisir réside aussi dans le fait que ça évolue, ça progresse. Pas de lassitude donc.

Je dois aussi t'avouer que j'ai parlé de toi à certains de mon entourage. De la façon dont on se parle, de la manière dont on se dit les choses avec sincérité, de cette complicité qui s'est construite petit à petit. On m'a répondu que nous étions peut-être faits l'un pour l'autre. J'ai été surpris.Je te rassure car cette idée ne me trottine pas dans la tête. Je prends simplement plaisir à passer du temps avec toi. De cette amitié qui m'apporte beaucoup plus que des histoires et situations vécues depuis le début de l'année. Tu m'inspires quand je fais des rencontres. De la manière de me comporter, de dire les choses. Tu m'apportes tout ça.

C'est un renvoi d'ascenseur. Je te rassure, tu es une femme extraordinaire. Que cette déclaration, non pas d'amour, mais d'amitié, te montre combien tu peux avoir de la valeur, combien tu peux toucher les gens, combien tu peux toucher les hommes."

Cet envoi lui a fait du bien. Ca lui a remonté le moral. Elle me l'a dit. Cette déclaration devait lui faire prendre conscience de sa valeur. Elle vaut vraiment le coup, elle peut être très attachante. Simplement, la personne avec qui elle était n'a rien vu de tout ça. Une histoire de sentiments aussi. Il s'agit dorénavant de rebondir, de tourner la page, et je suis là si elle a besoin de moi. Et une amitié Homme-Femme qui pour moi s'est confirmée à travers ce coup dur...